
Le projet d’un mini-casino au Centre Bell est en gestation après que Loto-Québec ait obtenu l’accord du Groupe CH, propriétaire du Canadien de Montréal. Le tout nouveau Casino sera équipé de plusieurs centaines de machines à sous et de terminales de paris sportifs.
Un projet d’un nouveau genre
C’est au cours d’un entretien radio avec Paul Arcand sur les ondes de 98,5 FM que le président directeur général de Loto-Québec Jean-François Bergeron a confirmé l’information qui était jusqu’à lors une rumeur de presse. Loto-Québec va bientôt construire une toute nouvelle salle de jeux en plein cœur de Montréal. Le futur casino que l’entreprise veut mettre sur pied sera logé dans l’immeuble de trois étages qui abrite actuellement le restaurant 1909 Taverne Moderne fermé depuis le début de la pandémie de la Covid 19.
Ce projet d’un nouveau genre se constituera principalement des machines recueillies dans plusieurs salles de jeux et casinos de Montréal. Ainsi, les joueurs de la capitale québécoise auront droit à des centaines de bornes de paris sportifs, de machines à sous vidéos et des tables de poker. Le tout nouveau salon casino ouvrira ses portes sept jours par semaine, de midi à 3 h du matin.
Bergeron a déclaré durant cet entretien que la clientèle cible serait prioritairement les visiteurs du Centre Bell, car l’établissement sera doté une d’une porte communicante avec le Centre Bell. Toutefois, la salle de jeux ayant un accès direct à l’extérieur, il ne serait pas interdit aux visiteurs externes d’avoir accès au local et de prendre place à l’une des nombreuses tables de jeu.
Les intentions derrière ce projet
Longtemps critiqué pour ces conséquences négatives sur la santé des habitués des salles de casinos, le nouveau projet de Loto-Québec entend éloigner davantage les machines de jeux des populations à risque. Ainsi, comme l’a si bien indiqué M. Bergeron, ce nouvel établissement s’inscrit dans une volonté de Loto-Québec de limiter la prolifération des bars possédant des machines de loterie vidéo (ALV) dans un premier temps puis de diminuer le nombre de bars qui les. L’idée étant de regrouper les quelque 410 bars hébergeant environ 3 000 ALV, sur l’île de Montréal, en un seul lieu plus grand et plus confortable.
D’après le président-directeur général de Loto-Québec, le problème de dépendance aux jeux et moins le fait du nombre de machines présentes sur le territoire, c’est surtout le fait du nombre de lieux offrant la possibilité de jouer. Comme il l’indique, il y a trop de portes, donc une très grande proximité avec les joueurs. Il faut impérativement faire migrer l’offre. Il indique par ailleurs qu’une récente étude montre que le risque de devenir un joueur compulsif diminue lorsque le joueur pratique dans des établissements de type salon de jeux, où d’autres types de divertissements sont offerts.
Le constat est donc clair pour M. Bergeron, Loto-Québec poursuivra l’opération coûte que coûte, car le statu quo n’est pas envisageable. Toutefois, il n’est pas prévu de retirer toutes les machines de jeux présentes dans les bars de Montréal. M. Bergeron a tenu à le préciser parce que c’est le gagne-pain de plusieurs tenanciers. L’entreprise se limitera à réduire celles-ci à leur plus simple expression.
Par ailleurs, l’un des objectifs déclarés est de réduire les jeux d’argent en ligne illégaux à Montréal qui sont à l’origine du plus grand nombre de joueurs compulsifs désormais. M. Bergeron affirme que ces joueurs commencent le plus souvent leur expérience de joueur en ligne sur le site de jeux en ligne de Loto-Québec, mais passent ensuite à des sites privés, comme Bet99 ou PokerStars. Pris au piège par les publicités qui passent en boucle à la télévision, les joueurs à risque ne parviennent plus à se sortir du traquenard qui leur a été tendu. Pour le président-directeur général de Loto-Québec, ces sites d’apparences gratuits sont pourtant illégaux, car ils font très souvent migrer leurs joueurs vers de véritables sites de casinos en ligne payants.
C’est de cette manière que Loto-Québec a ainsi pu présenter ce projet d’entente exclusive avec le Groupe CH à plusieurs instances gouvernementales depuis près d’un an moyen de lutte contre la prolifération des offres de jeu à Montréal et contre les jeux illégaux en ligne. Cette ligne d’attaque vient du fait que les jeux en ligne ont explosé depuis la pandémie de la Covid 19. De fait, un récent sondage réalisé par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) en 2021 a montré que 20 % des Québécois avaient au moins une fois parié en ligne. Ce même rapport indique que la moitié de ces joueurs étaient à leur première expérience de jeu en ligne. En outre, il est possible de constater que plusieurs centres de traitement de la dépendance aux jeux d’argent ont pour principale clientèle des joueurs en ligne.
Les regards sont tournés vers la santé publique qui prendra seule la décision
Le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, a quant à lui déclaré que le gouvernement n’accepterait la proposition que si le ministère en charge de la santé publique l’approuvait. En effet, d’après une étude de 2017 réalisée par l’organe en charge de la Santé publique de Montréal, le quartier autour du Centre Bell compte déjà la population la plus vulnérable aux jeux d’argent. Par contre, la Direction régionale de santé publique (DRSP) de Montréal indique qu’aucun projet de ce type n’a été soumis à l’appréciation de ses experts. Pourtant, ce service suit de près depuis des années tous les dossiers portant sur les jeux de hasard et d’argent sur son territoire.
Le maire de Montréal, Valérie Plante, a déclaré qu’elle souhaitait également que la santé publique soit prise en compte avant l’approbation de tout plan. Elle a indiqué qu’elle aimerait également évaluer la proposition plus en détail. Pour elle ce projet pourrait avoir un impact sur des populations déjà vulnérables. Il est donc hors de question de se limiter à son apport financier. En effet, une étude datant de 2012 avait par exemple montré que 16 % des joueurs d’ALV étaient des joueurs à problème, contre 3 % parmi les joueurs de loterie. L’INSPQ avait dans la même étude démontré que les AVL étaient bien accessibles dans les quartiers défavorisés. Une carte géographique indiquant ces zones avait été dès lors réalisée.
Laisser un commentaire